Louis Marie Grignon de Montfort (1673-1716).
Les premiers missionnaires furent les apôtres.
Ainsi,
saint
Paul
prêcha
la
foi
chrétienne
à
Antioche
et
à
Rome,
saint
Matthieu
en
Judée,
saint Jean en Ephèse.
Ajoutons
l'apostolat
de
François-Xavier
en
Pendjab,
et
nous
aurons
une
approche
de
la
démarche de Montfort.
A
la
Toussaint
de
1692,
Louis
Marie
n'a
pas
encore
vingt
ans
et
décide
de
partir
pour
Paris...
Il parcourt en dix jours les 370 kilomètres qui le séparent de la capitale.
Avant
d'entrer
dans
la
ville,
il
rencontre
deux
misérables
dépenaillés
qui
lui
tendent
la
main.
"La charité, s'il vous plaît... au nom de Dieu."
Grignion
s'arrête,
offre
ses
maigres
économies
(dix
écus)
et
son
sac
de
linge
et
de
provisions préparé par sa mère.
Il se dépouille de son habit neuf et il endosse les haillons crasseux du mendiant.
Louis Marie entre chez M. de La Baraudière.
Il recueille les écoliers pauvres.
Pour subsister, il obtient un emploi macabre : veiller les corps à la paroisse Saint-Sulpice.
Il partage ses jours entre les prières des vivants et les oraisons pour les morts.
Il est ordonné prêtre au printemps de 1700.
Il rêve de missions en des terres lointaines, mais on lui offre Nantes.
Ses supérieurs redoutant ses excès.
Mme
de
Montespan
orientera
sa
carrière
en
l'envoyant
à
Poitiers
où
il
sera
promu
aumônier de l'Hôpital général.
Il va stimuler la ferveur assoupie par une campagne d'impulsions spirituelles.
Il
forme
des
recruteurs,
des
prosélytes
et
des
prédicateurs
qui
vont
s'installer
dans
les
villages
et
frapper
les
imaginations
par
des
messes
chantées,
défilés
de
pénitents,
longues
marches coupées de prêches et de prières, homélies, carêmes, processions...
Louis Marie mobilise la musique et le théâtre au service de la foi.
De
par
son
comportement,
il
sera
détesté
du
clergé
et
rejeté
par
les
chanoines
prébendiers
et il sera interdit par les évêques.
Alors, il décide à aller s'expliquer lui-même au Vatican et il part pour Rome à pied.
Après 6 mois de voyage, il arrive à Rome.
Il sera recueilli par les frères théatins, qui intercèderont auprès du Saint-Père.
Clément
XI
reçoit
le
vagabond,
l'écoute
passionnément
pendant
des
heures
évoquer
les
bourbiers et les fondrières de son apostolat.
Le
Pape
se
lève
pour
marquer
la
fin
de
l'entretien,
bénit
Montfort,
lui
confère
le
titre
de
"missionnaire apostolique".
Il lui remet un crucifix d'ivoire et l'engage à poursuivre ses missions.
Montfort revient à Poitiers après avoir arrimé le crucifix du Pape sur son bâton de pèlerin.
Mais la faveur de Clément XI ne fait qu'augmenter l'hostilité des évêques.
Mais, il lui reste sa Foi surhumaine en sa "Mission".
Le
Père
de
Montfort
alimentait
sa
vie
spirituelle
dans
une
prière
continuelle
et
dans
des
retraites prolongées, il fut l'objet de visions fréquentes de la Sainte Vierge.
Le
1er
avril
1716
(à
43
ans),
épuisé
par
le
travail
et
la
maladie,
il
se
rend
à
Saint-Laurent-
sur-Sèvre pour sa dernière mission.
Le 27 avril, il dicte son testament.
Le
lendemain,
se
soulevant
sur
son
grabat,
le
crucifix
à
la
main,
le
regard
rayonnant,
il
entonne d'une voix vibrante le premier couplet d'un de ses cantiques :
"Allons mes chers amis, Allons en Paradis !
Quoiqu'on fasse en ces lieux, Le Paradis vaut mieux !"
Il expire peu après.
Béatifié le 22 janvier 1888, il est canonisé le 20 juillet 1947.